Publié le 9 janvier 2025 Mis à jour le 10 janvier 2025
le 23 janvier 2025
Campus Berges du Rhône

 
Madame Estelle VEYRON LA CROIX soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés
Femmes avec handicap intellectuel en institution : de la gestion du quotidien à l'organisation de la stérilité
dirigés par Albert CICCONE et Magali MAZUY
Soutenance prévue le jeudi 23 janvier 2025 à 13h30
Lieu : Université Lumière Lyon 2, campus Berges du Rhône, Palais Hirsch 
5 rue Chevreul 69007 Lyon
Salle : Léonie Villard
Composition du jury :
M. Albert CICCONE
, Université Lumière Lyon 2, Directeur de thèse
Mme Magali MAZUYINED, Co-directrice de thèse
Mme Marcela GARGIULO, Université Paris cité, Rapporteure
Mme Claire SCODELLARO, Université Panthéon Sorbonne, Rapporteure
Mots-clés : troubles du développement intellectuel, violences sexuelles, contraception, femmes, institution, droits sexuels être productifs
Résumé : L’idéologie eugéniste a connu un véritable essor en Europe et dans les pays anglo-saxons dès le début du XXème siècle. Si la classification des individus considérés comme indésirables englobait une population hétérogène, les personnes désignées comme handicapées mentales ont été particulièrement touchées par les pratiques mises en oeuvre. Au premier plan de ces dispositifs, les stérilisations contraintes ont constitué un phénomène d’une grande ampleur qui s’est étendu jusqu’à une période relativement récente. En effet, c’est seulement à la fin des années 90 que plusieurs enquêtes internationales ont révélé l’importance du phénomène. En France, ces procédés sont couramment appliqués jusqu’au début des années 2000. Ces mutilations sont orchestrées par les familles et les établissements médico-sociaux sur les femmes déficientes intellectuelles.En effet, ces dernières représentent l’écrasante majorité des victimes. Afin de mettre un terme à ces pratiques, en 2001 puis en 2021, le cadre législatif a été renforcé et précise, notamment, la nécessité du recueil de l’accord de la personne concernée. Cette évolution nous amène à formuler une problématique centrale : les femmes présentant un trouble du développement intellectuel sont-elles aujourd’hui plus libres de contrôler leur sexualité et leurs intentions de maternité au sein des institutions ? Afin de répondre à cette question complexe, nous avons réalisé une enquête qualitative intégrant des observations descriptives détaillées au sein de 8 lieux de vie ainsi que des entretiens auprès de 51 professionnels et de 47résidents d’établissements dont 35 femmes. Notre approche participative inclut également 12 groupes de discussions à l’intention des résidentes. À partir de l’analyse des données récoltées, nous avons décliné notre thèse en trois grandes parties. Celles-ci permettent d’articuler les enjeux généraux liés à l’expérience de vie en établissements médico-sociaux avec les conceptions sociales actuelles sur la sexualité des personnes handicapées et leurs effets sur l’accompagnement de la vie affective et sexuelle des femmes hébergées en foyers. La première partie est consacrée aux effets psychologiques des conditions d’existence au sein des services enquêtés. Elle explore également les fondements théoriques comportementalistes des pratiques professionnelles ainsi que certains paramètres socio-politiques participant au maintien de l’institutionnalisation des personnes avec handicap intellectuel. La seconde partie se focalise sur l’évolution des discours sur la vie sexuelle des personnes handicapées. Nous abordons les changements de paradigmes qui incluent désormais la sexualité dans le champ de la santé et du droit. Nous analysons également la progression de l’idéologie de l’assistance sexuelle dans le secteur médico-social. Enfin, la troisième partie est consacrée à l’expérience des femmes hébergées en établissements. Elle explore les procédés mis en oeuvre afin de contrôler la fécondabilité des résidentes ainsi que leur impact psychologique et leur influence sur l’exposition des femmes hébergées aux violences sexuelles dont nous détaillons les différentes caractéristiques. Le dialogue entre les trois sections de notre travail permet d’observer que les processus de contrôle de la fécondité s’inscrivent dans un continuum de violences dont les conséquences dépassent la sphère reproductive.Nous développons les effets psychotraumatiques d’un tel système sur les résidentes. Enfin, ces derniers éléments nous
permettent de formaliser l’ensemble des procédés utilisés afin de réduire l’autonomie des femmes et de permettre à l’institution d’organiser leur stérilité, sous le concept de violences contraceptives.

Informations pratiques

Lieu(x)

Campus Berges du Rhône

Palais Hirsch,Salle : Léonie Villard
5 rue Chevreul 69007 Lyon