Soutenance de thèse - GUERNOT Leslie

Mme Nathalie DUMET, Université Lumière Lyon 2, Directrice de thèse
M. Vincent BREJARD, Université d'Aix-Marseille, laboratoire de Psychologie Clinique, Psychopathologie, Psychanalyse, Rapporteur
Mme isabelle GERNET, Université Paris Cité, Institut de psychologie/Laboratoire PCPP, Rapporteure
M. Rémi POTIER, Université Lumière Lyon 2, Examinateur
M. Vincent ESTELLON, Université de Paris, UFR IHSS, Département Études psychanalytiques – CRPMS, Examinateur
 

Mots-clés : stress, médiation corporelle, digestion, idéal de soi, hostilité, cohérence psychosomatique

 

Cette recherche interroge la manière dont le stress, loin d’être une simple réaction physiologique, met en jeu le rapport dusujet à lui-même, à l’autre et à ses idéaux. Le dispositif de gestion du stress, associant sophrologie et médiationscorporelles, agit comme un espace de transformation psychique et somatique où s’articulent les dimensions prégénitales,narcissiques, anales et phalliques. Ces ateliers ne visent pas uniquement une régulation fonctionnelle du stress, maispermettent un travail en profondeur sur la cohésion narcissique et identitaire du sujet, soutenant la mise en forme dumanque, la limitation de l’excès et la liaison des excitations anciennes. L’hypothèse centrale est que la maladie et le stressfragilisent la cohérence psychosomatique, en réactivant une toute-puissance infantile soutenue par un Moi-idéal exigeant. Letravail groupal favorise alors un renoncement progressif à cette omnipotence et ouvre la possibilité d’une tolérance de lapassivité. Quitter le « tout, tout de suite, tout seul, tout le temps » engage un mouvement de différenciation entre Moi-idéalet Idéal-du-moi, rendant possible un lâcher-prise pare-excitant où la passivité devient une expérience de plaisir et non plusd’impuissance. Parallèlement, l’expérience du corps devient un vecteur de subjectivation. À travers les sensations, larespiration et l’imaginaire, les participants accèdent à une appropriation réflexive de leurs éprouvés, transformant des vécussensoriels bruts en représentations pour soi. Le corps, d’abord vécu comme siège d’une tension ou d’un dérèglement, seredécouvre comme espace de ressenti et de signification. Les expériences de sophrologie fonctionnent alors comme desexpériences hallucinatoires consolatrices, réactivant la réflexivité psychosomatique et l’érotisation du corps propre. Le travailgroupal permet également la métabolisation de la colère et de l’agressivité issues d’un Moi-idéal blessé. Les émotionsbrutes, autrefois non digérées, se transforment en affects représentables, ouvrant la voie à une réintégration de la haine età une appropriation pulsionnelle non destructrice. Ce processus suppose la capacité de se laisser traverser par la pulsionsans s’y perdre, pour en faire une force de création psychique et de lien. Enfin, les ateliers soutiennent une transformationde l’omnipotence idéalisée vers une cohérence psychosomatique. Les tensions avec l’environnement, d’abord sourcesd’hyperactivité défensive, deviennent des occasions d’ajustement interne où la psyché et le soma retrouvent leur capacité derégulation mutuelle. Le passage d’une position d’« objet du stress » à celle de sujet de sa propre expérience traduit cetteévolution : l’idéal de soi cesse d’être une contrainte pour devenir une orientation souple et vivante. Dans cette perspective, la cohérence psychosomatique peut être comprise comme l’harmonisation dynamique entre éprouvés somatiques,élaboration psychique et régulation émotionnelle. À l’image de la cohérence cardiaque, elle traduit une synchronisation entreles dimensions corporelles et psychiques, un état où le corps et la pensée se répondent dans une circularité vivante. Ledispositif groupal agit ainsi comme un entraînement à la cohérence de soi, soutenant la transformation du rapport àl’excitation, la maturation des instances et la construction d’un équilibre cohérent du psychsoma.