Soutenance de thèse - JUTEAU Audrey

Mme Nathalie DUMET, Université Lumière Lyon 2 - Institut de Psychologie - CRPPC - Directrice de thèse
M. Samuel LÉZÉ, ENS de Lyon - Département des sciences humaines - Rapporteur
Mme Alexandra LAURENT - Université de Bourgogne Europe - UFR Sciences Humaines, Rapporteure
M. Pascal ROMAN, Université Lyon 2 - CRPPC - Examinateur
Mme Pascale MOLINIER, Université Paris Sorbonne Nord - CEPED - UMR 196 - Examinatrice
M. Gilles HERREROS, Centre Max Weber de Lyon 2 - Examinateur
 

Mots-clés : Clinique institutionnelle, Médiation, Créativité, Subversion institutionnelle, Dispositif Culture et Santé, Résistance

 

Cette thèse vise à contribuer à la réflexion en psychologie sur les dispositifs cliniques que le psychologue en institution peutinventer pour soutenir le travail des équipes, les processus réflexifs et la créativité des professionnels, dans des institutionsde soin fortement mises à mal par les logiques gestionnaires (attaque de la pensée par la normalisation des soins,éradication des espaces transitionnels). A partir d’une pratique clinique originale de psychologue coordonnant des projetsCulture et Santé dans un centre de rééducation fonctionnelle, nous cherchons à analyser cette pratique et ses effets sur lesprofessionnels de cette institution. Il s’agit notamment de chercher à comprendre comment les professionnels se saisissentde ces propositions artistiques décalées par rapport à leurs pratiques habituelles de soins, de préciser le rôle du psychologueclinicien qui propose ce type de dispositifs, de rendre compte de ce que l’utilisation de ces médiations artistiques vientproduire au niveau institutionnel et d’interroger la façon dont ces espaces intermédiaires pourraient contribuer à renouvelerla pensée des professionnels sur le soin proposé dans un établissement de rééducation fonctionnelle. Pour ce faire, nousutilisons le récit de pratiques professionnelles (André, Cifali, 2007) comme méthode pour accéder à une pensée del’expérience, et nous avons construit une grille d’analyse réflexive pour éclairer les processus à l’oeuvre, dans uneperspective longitudinale (sur une durée de huit ans), en situant notre propos au carrefour de trois champs cliniques enpsychologie : les cliniques institutionnelles, la psychodynamique du travail, la clinique des médiations. Nous interrogerons,dans un premier temps, la manière dont le dispositif Culture et Santé pourrait être investi par le psychologue comme unemédiation institutionnelle, dans un élargissement de la clinique des médiations à de « grands groupes », ici des équipespluriprofessionnelles, là où cette pratique est d’ordinaire dédiée au sujet singulier ou à de petits groupes. Nous proposeronsla métaphore de la liane pour rendre compte des caractéristiques plastiques de ce dispositif, dans sa capacité à changer deformes au fil des années, pour s’adapter à l’écosystème hospitalier. Nous envisagerons que la tâche première du psychologueserait de restaurer voire de réanimer les capacités à investir des équipes pour que ces dernières puissent se saisir dudispositif proposé. Il s’agirait ici pour le psychologue de « prêter son appareil à rêver et à sublimer » aux équipes.S’appuyant sur le travail créatif des artistes et sur le partage d’une expérience esthétique, nous repérerons ensuite lesdifférentes fonctions que ce dispositif peut occuper au niveau institutionnel : restauration d’espaces intermédiaires, relancedes identifications soignants-soignés, recharge libidinale, soutien de l’imaginaire… Nous chercherons à montrer comment cedispositif contribue à mettre au travail les liens intersubjectifs, grâce au rétablissement progressif d’une coopérationtransverse. Enfin, nous explorerons la manière dont ce dispositif, en s’instituant, contribue, silencieusement, à transformerles pratiques instituées, grâce à une remise en mouvement des représentations de chacun, dans un souci de ré-humaniserl’environnement hospitalier.