Publié le 10 juin 2025
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Mis à jour le 12 juin 2025
le 27 juin 2025
Madame Laurence PESSINET soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés : Banalité de la haine, radicalité du mal. Processus psychiques et massification dans l'agir génocidaire, dirigés par Georges GAILLARD
Composition du Jury
M. Pablo CASTANHO, Institut de Psychologie de l'Université de Sao Paulo, Rapporteur
M. Jean-François CHIANTARETTO, UTRPP - Université Sorbonne Paris Nord, Rapporteur
Mme Barbara DE ROSA, Université de Naples Frédéric II, Examinatrice
Mme Magali RAVIT, Université Lyon 2 Lumière, Examinatrice
Mots-clés : desubjectivation, massification, aconflictualité, radicalité, Kulturarbeit |
Résumé
Loin d'être un moment de brutalité subi, le génocide est un phénomène longuement mûri et construit qui porte un double effacement de la subjectivité, celle des victimes et des bourreaux. Ces derniers ne sont plus que des exécutants agglutinés àla cause qui les réunit semblables aux cinq doigts de la main. Ils agissent par adhésion et non par conviction personnelle.Sur le plan de la dynamique psychique le génocide opère une transformation. Le moi idéal cède la place à l'idéal du moi qui évince le surmoi au profit du ça et du moi. La destructivité n'a plus de limite et peut s'exercer sous le diktat de l'idéal dumoi. De plus, l'absence de conflictualité externe liée à la pensée unique dictatoriale essouffle la conflictualité interne propreà chacun. Ainsi le retour du fantasme primaire de la toute-puissance unaire est alors majoré par une adhésion aveugle auchef, dictateur charismatique : On ne devient plus qu'un. Ces éléments m'amènent à envisager alors l'hypothèse d'unepsychose collective dans le cas du génocide, la réalité étant niée et remplacée par la construction délirante du phénomène.Un obstacle potentiel à ce processus réside dans le travail de la culture, qui s'efforce constamment d'explorer la diversitédes idées et la conflictualité qui en résulte. la Kulturarbeit cherche à inclure tous les aspects de l'humanité dans un processuscontinu d'élaboration, inspiré par l'histoire collective à laquelle chaque individu a contribué. J'ai structuré cette thèse en cinqsections, suivant un plan qui reflète les grandes étapes du génocide : l'effacement, la masse, les braises et la lutte. Latroisième partie sera spécifiquement consacrée à l'analyse de la clinique génocidaire. Le génocidaire est un homme qui perdson identité propre, totalement absorbé par le processus. De ce fait, il ne pense plus par lui-même mais suit la seule voietracée par le mouvement. Ainsi son témoignage post génocide ne peut se saisir qu'à condition que le retour à la subjectivitése fasse au risque de sa propre perte. J'illustrerai ce travail par des témoignages pris dans les ouvrages d'histoire et des entretiens menés par deux journalistes, Gitta Sereny et Jean Hatzfeld. Ma propre clinique en milieu carcéral et auprès demigrants victimes de violences éclairera la manière dont des individus peuvent être saisis dans un mouvement radical qui aprise avec le processus génocidaire. |
Informations pratiques
Lieu(x)
Lieu : Maison des Sciences de l'Homme - 14 Avenue Berthelot, 69007, Lyon
Salle : Marc Bloch